Comment financer son entreprise de l’amorçage au développement (liste quasi exhaustive)

Le montant des dépenses pour créer, reprendre ou développer une entreprise a de quoi faire tourner la tête.

Frais liés à la rédaction (entre 500€ et 2 500€) et au dépôt de statuts, publication de l’annonce légale (entre 200€ et 400€), enregistrement d’une marque (environ 200€), enregistrement au greffe, dépôt du dossier au CFE (100€ à 200€), assurances, matériel, local, logiciels… (Et on n’a pas encore parlé de salaires, notez bien).

De l’exonération de charges au prêt en passant par les subventions, il existe plusieurs solutions pour financer votre projet d’entreprise, quel que soit son niveau d’avancement.

Tour d’horizon des principales pistes à explorer :

  • Fonds propres
  • « Love Money »
  • Prêt d’honneur
  • Crowdfunding
  • Subventions, exonérations
  • Concours d’entrepreneurs, prix
  • Business Angels
  • Fonds de capital-risque
  • Prêts bancaires
  • Focus sur l’impact investing

Fonds propres

Cela peut paraître évident, mais disposer d’un premier apport initial est fortement recommandé… en premier lieu pour rassurer les investisseurs suivants : business angels, banques, etc…

La prise de risque commence ici puisque la plupart des banques exigent un apport minimum de 15% à 30% pour octroyer un prêt (source : petite-entreprise.net/Afe).

Néanmoins, le cautionnement personnel est une option à envisager avec la plus grande précaution, puisqu’elle engage votre patrimoine personnel. Une association comme 60 000 Rebonds PACA milite pour épargner cette demande des banques aux dirigeants d’entreprise.

Love money

Ce qu’on appelle la « love money » désigne l’investissement des proches : amis, famille.

Certains l’appellent aussi les 3F : family, friends, fools.

Mais ce n’est pas parce qu’il s’agit de votre sœur, d’un cousin, ou d’un ami d’enfance et qu’ils participent à votre projet par affection pour vous plus que par intérêt financier que l’opération n’est pas officielle. En effet, ces derniers deviendront actionnaires de votre entreprise et en détiendront une part du capital social.

En outre, ce n’est pas parce qu’il est plus facile de convaincre un proche qu’une banque ou un fonds d’investissement que cela vous dispense de lui rendre des comptes. Et de façon générale, sous-pesez bien les conséquences d’une telle implication de vos proches dans votre entreprise.

Votre investisseur doit être conscient qu’il ou elle prend le risque de perdre sa mise.

Mais aussi de gagner de l’argent, tout en réduisant ses impôts ????

En effet, les dernières réformes (Loi Pacte, ..) semblent vouloir inciter les particuliers à investir dans l’  « économie réelle ».

Concernant les PME par exemple, avec la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) depuis 2018, les plus-values ne seront taxées au maximum qu’à 30% dans le cas d’un compte-titre ordinaire (CTO), hors prélèvements sociaux – quand les PEA-PME (Plan d’Epargne en Actions) eux, en seront totalement exonérés au bout de 5 ans.

Par ailleurs, France Invest (ex Association des Investisseurs pour la Croissance –AFIC-), évalue l’investissement dans les PME non cotées à 8,7% de gain par an (en prenant les chiffres sur 2007-2016). Pour information, un livret A rapporte désormais 0,75% par an.

L’IR-PME ou dispositif Madelin, par exemple, s’offre à vous et votre généreux/reuse donateur/trice si votre siège est situé dans un pays de l’UE et que vous avez 2 employés – entre autres conditions.

En résumé : investir dans votre entreprise peut aussi être une très bonne affaire pour vos proches. À vous de les convaincre.

Prêt d’honneur

Ce prêt, dont le nom sonne un peu comme un titre de rap, consiste en un prêt personnel, accordé donc à vous et non pas à votre entreprise, sans caution personnelle et sans intérêts.

C’est une solution à envisager en phase d’amorçage (démarrage d’une entreprise) comme en phase de développement, dans l’éventualité où votre apport personnel serait insuffisant pour convaincre une banque de vous prêter.

Il est délivré par deux organismes :

Les montants accordés varient de 2 000€ à 50 000€ et se situaient en moyenne autour de 9 700€ en 2017 (source : Agence France Entrepreneur).

Crowdfunding

La pratique du crowdfunding ou financement participatif s’est considérablement étendue depuis quelques années. Des projets ponctuels à la participation au capital d’une future startup, il existe aujourd’hui toute une liste de plateformes plus ou moins spécialisées où des entrepreneurs en recherche de fonds et des particuliers se sentant une âme de mécène (et en quête de placements intéressants  ) peuvent matcher.

Et comme dans le cas de la « love money », le particulier pourra bénéficier d’abattement sur les taxes. Mais ne sous-estimez pas le niveau d’exigence de vos généreux donateurs : le crowdfunding a maintenant quelques années au compteur et certaines faillites ont échaudés les investisseurs ; la fermeture d’Unilend en octobre 2018 en est l’exemple le plus frappant.

Conséquence : les plateformes proposent désormais aux investisseurs des PME qui ont déjà fait leurs preuves. Cette solution est donc envisageable si votre entreprise est déjà solide financièrement.

Quelques plateformes à connaître :

  • October (ex-Lendix)
  • Vatel direct
  • WeShareBonds
  • Clubfunding
  • Fundimmo
  • Homunity
  • Koregraf
  • Lymo

Les startups, elles, pourront s’orienter vers Anaxago, Happy Capital, Raizers, Sowefund ou encore Wiseed.

À lire pour ceux qui veulent creuser : « Financement participatif : conseils pour réussir sa collecte »

Subventions et exonérations de charges

Autre piste : les subventions de l’état, de la région, du département, d’un label officiel…

Les aides de l’état consistent rarement en un apport en liquidité. Il s’agit plus souvent de réductions de charges.

Trêve de suspense : le site Aides-Entreprises.fr répertorie toutes les aides aux entreprises ouvertes à tous. Ces dispositifs vous aideront à

  • Créer ou reprendre,
  • employer ou former du personnel,
  • réduire vos charges,
  • développer, exporter,
  • innover,
  • vous engager dans une démarche écologique,
  • investir dans de nouveaux équipements
  • ou encore transmettre une entreprise.

Autre site à consulter : les-aides.fr. Édité par la CCI, il vous permettra de recouper et trier les dispositifs d’Aides-Entreprises.fr.

En région Sud-PACA, il existe deux dispositifs à connaître : le « Fonds d’investissement pour les entreprises de la Région » (FIER) et les « Opérations d’Intérêt Régional » (OIR).

Concours d’entrepreneurs, prix…

Les concours peuvent aussi être une manne de quelques milliers voire centaines de milliers d’euros, ou l’occasion de gagner des prestations (communication…). Les autres avantages sont :

  1. qu’ils sont une excellente occasion de confronter son projet à un regard critique (et donc de l’affiner)
  2. un bon prétexte pour vous faire mousser un maximum sur les réseaux sociaux et sur votre site (car vous l’aurez bien mérité).

Si vous êtes une startup, aka une entreprise-innovante-avec-un-fort-potentiel-de-croissance, la French Tech peut également vous aider via une subvention allant jusqu’à 30 000€. Non remboursable, elle est néanmoins soumise à des conditions :

  • Démontrer un fort potentiel de croissance
  • Avoir des fonds propres

Outre la French Tech, petit/e veinard/e que vous êtes, vous pourrez également candidater au concours d’innovation i-LAB si vous prévoyez de créer une entreprise « à forte intensité technologique ».

Dépêchez-vous, sa 21ème édition se clôture le 26 février prochain. 600 000€ en jeu.

 

D’autres pistes ? Ok :

Pour aller plus loin :

Business Angels

Les Business Angels sont des particuliers qui investissent dans des projets par goût du challenge et par intérêt pour l’aventure entrepreneuriale.

Un Business Angel est souvent un ancien dirigeant d’entreprise qui a réussi et souhaite transmettre son expérience. En contrepartie de son investissement, consenti pour une période limitée, de son expertise, et de son carnet d’adresses, il devra être tenu au courant des résultats de l’entreprise, comme tout associé, et attendra un retour sur investissement, comme un particulier qui placerait son argent sur un livret d’épargne.

L’investissement d’un Business Angel se chiffre généralement en plusieurs dizaines de milliers d’euros, voire plusieurs centaines de milliers d’euros.

Pour en savoir plus : Franceangels.org

Fonds de capital-risque

On date l’apparition du venture capital ou capital-risque aux environs de 1945, aux États-Unis.

Ce sont des investisseurs, comme les business angels, mais il existe quelques différences :

  • Un Business Angel est souvent un entrepreneur qui a réussi et qui mise de l’argent personnel, quand les capitaux-risqueurs investissent un fond commun qu’ils doivent faire fructifier ;
  • Si les Business Angels interviennent souvent en phase d’amorçage, les capitaux-risqueurs interviennent généralement plus tard, en phase de développement.
  • Le montant de l’investissement n’est pas le même : le Business Angel investit en moyenne quelques dizaines de milliers d’euros, quand les capitaux-risqueurs, eux, peuvent injecter plusieurs centaines de milliers d’euros, voire au-delà d’un million.

 

Lire notre interview de Catherine Chiabodo de Grand Delta Angels

Prêts bancaires

Et oui, le prêt bancaire.

Le prêt bancaire reste une solution sûre pour financer votre entreprise et ce sera peut-être la bonne pour vous à condition :

  • De mettre en concurrence plusieurs banques: n’hésitez pas à comparer les devis (montant prêté, délais et conditions de remboursement, caution exigée, TEG…) de 2, voire 3 banques ;
  • De présenter un projet clair et cohérent, c’est-à-dire un business plan tiré à 4 épingles;
  • D’apporter 15% à 30% de fonds propres par rapport à la somme globale dont vous avez besoin (et il est fortement déconseillé de sous-estimer le montant global car on vous soupçonnera de ne pas être réaliste).

Last but not least – il faut qu’on vous parle de l’impact investing

Enfin, terminons cette liste par un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur parmi les investisseurs, et influence également les concours : l’impact investing.

Désormais, les investisseurs prennent en compte l’impact sociétal de l’entreprise, et non plus seulement sa rentabilité.

Cela rejoint le concept de « Responsabilité Sociale de l’Entreprise » (RSE), promu depuis peu, ou encore le statut d’entreprise contributive, que le think tank Terra Nova a récemment proposé de créer.

Ainsi, inclure dans votre business plan une action positive concernant l’environnement, la ville, les jeunes… vous permettrait d’entrer dans le champ de vision de certains fonds de capital-risque, et pourquoi pas, de certaines fondations.

Et gare aux entreprises qui s’amuseraient à donner dans le « green washing » comme ce fut le cas il y a quelques années. Les consommateurs étant de plus en plus aguerris et de mieux en mieux informés, la stratégie qui consiste à faire semblant de soutenir une cause simplement pour gonfler son CA risquerait fort de virer à l’échec.

Larry Fink, CEO de BlackRock (plus important gestionnaire d’actifs dans le monde) affirmait récemment que “pour prospérer au fil du temps, toute entreprise doit non seulement produire des résultats financiers, mais également montrer comment elle apporte une contribution positive à la société”.

 

L’esprit « greed is good », ringard ? Sans tomber dans le mièvre, peut-être simplement que les acteurs de l’économie ont compris qu’ils ne gagneraient rien à terme si tous n’y gagnent pas un peu.

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