« Je veux inviter les clientes à découvrir le savoir-faire des artisans-chausseurs » Antoine Fauqueur, d’UnSiBeauPas

UnsiBeauPas propose des chaussures pour femme artisanales, 100% cuir et personnalisable : forme, couleur, type de cuir (velours, brillant, cuir lisse), hauteur et style du talon, bout rond ou pointu…

Pour ce faire, la jeune firme créée en avril 2017 travaille avec des artisans chausseurs français et italiens, et une styliste expérimentée, Zoé Mataix.

La particularité d’UnSiBeauPas ? L’essentiel des ventes se déroulent lors de réunions à domicile, entre copines.

Oui, comme les réunions Tupperware. Et ça marche (sans jeu de mot).

Antoine Fauqueur, son fondateur, a bien voulu répondre à nos questions.

Le marché de la chaussure est un secteur hyper concurrentiel. D’où venez-vous professionnellement et comment est né le projet UnSiBeauPas ?

Je viens du marketing et du commercial. J’ai travaillé au marketing de plusieurs grandes marques de l’agro-alimentaire (Kelloggs, Ducros, Vahiné) pendant 7 ans, avant de diriger une équipe de vente.

C’est lors d’un voyage privé à Positano en Italie que j’ai pu admirer le travail d’artisans-chausseurs. J’avais vraiment envie de travailler en direct avec eux, même si je ne connaissais pas leur métier. En revanche, je pouvais utiliser ce que j’avais appris en marketing et en commercial pour valoriser leur travail et le faire connaître.

Pour résumer, les artisans ont le savoir-faire, et moi la capacité de faire savoir.

Un an et demi se sont écoulés avant que le projet soit finalisé et que je quitte le poste que j’occupais à l’époque. Il fallait définir une offre, monter une étude de marché. En effet, ça ne suffit pas de savoir intuitivement qu’un produit local, artisanal, personnalisable va marcher, il faut être sûr qu’il y a un public.

D’une part, UnSiBeauPas répond à la demande croissante des acheteurs de savoir d’où vient ce qu’ils achètent, comment cela a été fabriqué, par qui. Et d’autre part, il y a très peu de marques de chaussures proposant de la vente à domicile, et les modèles vendus sont des modèles standards. Or, ce qui marche en vente à domicile ce sont les produits innovants ou les produits qui ont une histoire forte. Ainsi, UnSiBeauPas avait dès le départ deux bonnes raisons de voir le jour.

La marque UnSiBeauPas quant à elle est le résultat d’une collaboration avec une agence de naming. Nous voulions qu’elle évoque l’idée de ralentir le pas et de prendre un peu de temps pour soi, pour consommer différemment.

Elle devait également mettre en valeur la démarche, la volonté de rendre les femmes élégantes, d’où le « beau pas ».

Enfin, je voulais également qu’elle invite à rencontrer ces artisans, à faire un pas vers eux, à découvrir leur travail.

Le modèle d’UnSiBeauPas c’est le ecommerce et la vente directe : comment ça fonctionne et pourquoi avoir choisi ces canaux de vente ?

 

Pour faire simple, c’est Zoé Mataix qui dessine les modèles proposés à la vente. Quand une commande est passée, sur le site internet ou à l’une des 15 ambassadrices UnSiBeauPas en France, elle est envoyée à l’un des deux artisans avec qui je travaille, à Romans-sur-Isère (capitale de la chaussure française) et à Vigevano, près de Milan, capitale de la chaussure italienne.

À partir de février, nous allons envoyer toutes les commandes à Romans, ce qui nous permettra de gagner du temps d’un point de vue logistique : notre objectif est de passer de 15 jours de livraison à 10.

Ce sera aussi l’opportunité pour nous de mettre en valeur le savoir-faire français.

 

Aujourd’hui, 85% du chiffre d’affaires d’UnSiBeauPas est réalisé en vente directe car on n’achète pas une chaussure personnalisable sans l’essayer. Le site ecommerce sert essentiellement deux objectifs : la notoriété et le réachat.

 

Les réunions ont lieu le soir, pendant une après-midi et ce sont des moments de convivialité, entre femmes. Le rôle des ambassadrices UnSiBeauPas est simple :

  1. présenter la marque,
  2. faire essayer les modèles
  3. et, si un modèle plaît à l’une des participantes, d’enregistrer la vente.

 

Nous recrutons les ambassadrices via Facebook et par bouche-à-oreille. J’évalue à 2/3 la proportion d’ambassadrices UnSiBeauPas qui exercent cette activité en complément de revenus ou sont en reconversion, et à 1/3 celles qui en ont fait leur activité principale. Nous recherchons des personnes qui croient dans ce produit et les valeurs qu’il véhicule –l’artisanat, la défense du made in France-, qui aient un bon relationnel, qui soient dynamiques. Et il n’y a pas de profil type : nous travaillons avec une diététicienne, une architecte, une assistante maternelle…

Enfin, non seulement nous les accompagnons lors d’une première réunion mais en plus nous les formons. En effet, elles peuvent accéder à des fiches d’information et des vidéos dans leur espace intranet.

Les chaussures que vend UnSiBeauPas sont de beaux modèles classiques. Qui est la cliente UnSiBeauPas ? Une snob ? Une « fashionista » ? Une esthète ?

Je dirais que ce sont des modèles intemporels.

Nous voulons défendre un certain savoir-faire artisanal, d’où ce choix de modèle, mais nous voulons aussi apporter des touches de modernités.

Notre cliente type est une femme entre 35 ans et 55 ans. Elle a envie d’être élégante, bien chaussée – nos chaussures sont très confortables grâce à leur semelle à mémoire de forme-. Elle est sensible à la qualité et la façon dont les choses sont fabriquées, un peu comme une cliente qui achèterait du bio.

Je dirais qu’elle est attentive à la mode et à son apparence mais aussi à ce qu’implique son acte d’achat.

Vous êtes passé par des bloggueuses mode pour gagner en notoriété : quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux marques qui souhaitent recourir comme vous à ce type de communication ?

Pour être franc, je cherche encore la bonne solution. Ce n’est pas facile de faire de l’influence de manière efficace. J’aurais tendance à conseiller de ne pas viser trop gros ou trop cher, et de multiplier les collaborations avec plusieurs influenceuses avec du potentiel.

Il faut jouer sur le côté affectif, expliquer qu’on a besoin de leur audience pour faire connaître la marque et que si elles croient dans les valeurs que nous portons, elles vont nous aider.

En contrepartie, j’ai offert une paire de chaussures mais hormis une bloggueuse rémunérée qui a elle-même démarché d’autres bloggueuses et provoqué une dizaine de ventes, je n’ai pas payé.

Je trouve des influenceuses susceptibles de mettre en lumière nos créations sur Instagram.

Flashback. Vous avez participé à une soirée networking en 2018, et ce soir-là vous vous étiez entretenu avec la représentante d’un fonds de venture capital : qu’en est-il depuis ?

Ça a failli marcher ! Il y a eu 4 tours, mais ça n’a pas abouti.

Mais depuis, j’ai trouvé un financement et un crédit de la région, PACA émergence, accessible seulement aux sociétés qui ont déjà convaincu des investisseurs privés.

J’ai trouvé ce financement par mon réseau élargi. C’est une chasseuse de tête spécialisée dans le luxe que j’ai contactée un peu au culot suite à une couverture de Challenges où elle apparaissait, qui a elle-même investi dans UnSiBeauPas, et qui m’a présenté à d’autres investisseurs. La procédure a abouti avec quatre d’entre eux, dont l’ex-PDG de Le Tanneur.

Le premier contact avec cette chasseuse de tête a eu lieu en mai et la levée de fonds a eu lieu en août.

Ça m’a permis de passer à l’étape suivante, c’est super. Pour tout projet aller trouver des financements, ça prend du temps, mais c’est vital.

À l’époque, j’avais envoyé des dizaines et des dizaines de dossiers à des fonds d’investissement pour essayer d’obtenir des rendez-vous.

Enfin, pourquoi vous êtes-vous installé chez Morphoburo ?

La 1er raison c’était l’envie de sortir de chez soi. Je saturais de rester chez moi tout seul, alors j’ai commencé à chercher des coworking autour de chez moi.

J’ai fini par choisir Morphoburo parce que ça me permettait de rencontrer des gens et créer du réseau, d’une part grâce aux animations –les ateliers, les apérobizz, les petits-dej- organisées par Jean-Marc Issartial et son équipe, et d’autre part grâce à la taille du coworking, plus importante que d’autres lieux, qui favorise la diversité des profils.

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